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UNIVERSITÉS: ÉTUDE SUR LA SANTÉ PSYCHOLOGIQUE
Le taux de détresse chez les employés de soutien aurait progressé ces 10 dernières années

21 février 2019

Une étude commandée par le Conseil provincial du secteur universitaire (CPSU) du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) révèle que 53,4 % des employés de soutien - bureau, métier, professionnel et technique - dans les universités au Québec souffrent de détresse psychologique. Les résultats de cette enquête menée en 2018 par la professeure du Département d'organisation et ressources humaines Julie Cloutier et la doctorante en administration Sabrina Pellerin, en collaboration avec le Service aux collectivités, ont été présentés devant une centaine de personnes lors d'une rencontre organisée récemment par le Syndicat des employées et employés de soutien de l'UQAM (SEUQAM).

«Le taux de détresse psychologique dans les universités québécoises a augmenté de 12,5% par rapport à ce qui avait été observé dans le cadre dans une autre étude réalisée en 2008, souligne Julie Cloutier. Il est aussi plus élevé que celui enregistré auprès de l'ensemble des travailleurs (29 %) dans les autres secteurs d'activité économique, d'après les données de 2016 de l'Institut de la statistique du Québec.»

Selon la chercheuse, l'absence de réinvestissement dans les universités et les compressions budgétaires des dernières années (suppression de postes, non remplacement de personnes parties à la retraite ou en absence prolongée) sont les principales causes de la détresse psychologique.

Les données de l'enquête ont été recueillies au moyen de deux questionnaires électroniques portant sur les facteurs de risque associés à la détresse psychologique ainsi que sur le niveau de détresse et ses conséquences. Au total, 9 154 employés membres d'un syndicat affilié au SCFP dans 11 établissements universitaires québécois (le Québec en compte 19 au total) ont été invités à participer à l'enquête. De ce nombre, 921 personnes ont répondu aux deux questionnaires. «Compte tenu de la taille de la population visée, notre échantillon devait compter 370 participants pour être statistiquement représentatif de sa population», note la professeure.

Mesurer le niveau de détresse psychologique

Le niveau de détresse psychologique, similaire dans les 11 établissements visés par l'étude, a été mesuré au moyen de l'Indice de détresse psychologique de Santé Québec (IDPSQ), lequel est aussi utilisé par Statistique Canada dans le cadre de ses enquêtes sur la santé des populations. «La détresse psychologique n'a rien à voir avec une déprime passagère, observe Julie Cloutier. Elle se manifeste par l'anxiété et la dépression, c'est-à-dire par la tristesse, la fatigue, le découragement et la dévalorisation de soi.»

Plus d'une quarantaine de facteurs de risque ont été étudiés. La surcharge de travail, en particulier chez les employés du groupe professionnel, le manque de reconnaissance, le faible degré d'autonomie, les conflits travail-famille et les conflits de rôle (recevoir des demandes contradictoires de deux ou plusieurs personnes) figurent parmi les facteurs les plus importants.

La détresse psychologique entraîne des conséquences sérieuses, relève l'étude. Parmi les employés qui disent éprouver de la détresse psychologique, 46 % consomment au moins un type de psychotropes; 45,6 % ont consulté un professionnel de la santé mentale au cours des 12 derniers mois; 43,9 % souffrent de fatigue démesurée; 42,9 % se sont absentés au cours des 30 derniers jours et 41,5 % font de l'insomnie.

Pistes de solution

La professeure se réjouit de la création récente à l'UQAM du nouveau Vice-rectorat au développement humain et organisationnel, laquelle faisait partie des 10 actions prioritaires des 100 premiers jours du mandat de la rectrice, Magda Fusaro. La mise sur pied d'une table de concertation sur la santé globale et la qualité de vie au travail constitue également, selon elle, un pas dans la bonne direction.

«Pour contrer la détresse psychologique au travail, les pistes de solution doivent viser à éliminer les facteurs de risque ou à en atténuer les effets», souligne Julie Cloutier. Il faut ainsi remplacer les personnes qui partent à la retraite ou qui s'absentent pour une longue durée. «Mais cela nécessite des ressources, dit-elle, ce qui suppose que le gouvernement continue de réinvestir dans les universités. Par ailleurs, on doit penser à des mesures à court et moyen terme: assurer la formation continue des personnes chargées d'assurer la supervision et la gestion du personnel, repenser l'organisation du travail en éliminant les tâches sans valeur ajoutée et en consultant davantage les employés et, enfin, prévoir des plans de développement en termes de cheminement de carrière pour favoriser les promotions parmi le personnel de soutien.»

Par Claude Gauvreau

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