À l'occasion de son 10e anniversaire, l'École des Grands, l'un des principaux programmes de mentorat scolaire au Québec, dévoile une étude inédite, mettant en lumière l'impact significatif de son programme sur la réussite éducative.
Dans un contexte où de nombreux programmes luttent contre le décrochage et encouragent la persévérance scolaire, mais où les mesures d'impact sont rares, cette étude se distingue comme une avancée majeure. Pour la première fois dans le cadre de la recherche en éducation au Québec, des résultats démontrent de manière quantitative des retombées positives d'un programme de mentorat tant sur la réussite éducative des mentors que des mentorés.
Face à une situation préoccupante où près d'un garçon sur cinq et plus d'une fille sur dix quittent l'école secondaire sans diplôme ni qualification professionnelle, et où plus de 70 % des jeunes de niveau collégial n'obtiennent pas leur diplôme dans les délais prévus, l'École des Grands propose une solution innovante. Chaque semaine, des élèves du primaire, issus d'écoles en milieux défavorisés, se rendent au cégep de leur quartier pour bénéficier du mentorat de cégépiens bénévoles. Ce programme, présent dans près des trois quarts des régions administratives de la province en ce moment, les aide dans leurs devoirs et les engage dans des activités d'éveil scientifique.
Les écrits scientifiques indiquent que tous les programmes, qu'ils soient parascolaires ou de mentorat, n'ont pas le même impact sur la réussite et l'engagement de leurs participants. Cette nouvelle étude révèle notamment le rôle unique de l'École des Grands comme levier majeur d'égalité des chances, particulièrement pour les jeunes garçons en situation de vulnérabilité au primaire et à risque de décrocher au secondaire.
Améliorations significatives pour les élèves, en particulier chez les garçons
Les résultats de l'étude, menée par des chercheuses spécialisées notamment en éducation, en pédagogie et en psychoéducation, montrent des effets concrets et positifs, tant sur la réussite des mentors du cégep que sur celle des élèves du primaire mentorés.
En ce qui concerne les participants du primaire, les chercheuses ont démontré que l'École des Grands a permis de limiter à 3 % la baisse des résultats en mathématiques chez les garçons contrairement à la chute de 8 % observée dans le groupe témoin. Chez les garçons cumulant plusieurs facteurs de vulnérabilité (issus d'écoles en milieux défavorisés et ayant des moyennes générales entre 50 % et 70 %), le programme leur a permis de stabiliser leurs notes en mathématiques, évitant une chute significative de 9 % observée dans le groupe témoin.
L'étude met en évidence des résultats probants en termes d'amélioration de certains indicateurs de réussite éducative, de réduction des inégalités et de valorisation des carrières en éducation au collégial. Ceci est d'autant plus important alors que la pénurie de main-d'œuvre n'épargne pas le secteur de l'éducation. Certains collégiens participant au programme de l'École des Grands utilisent cette expérience pour confirmer leur choix de carrière, par exemple en techniques d'éducation spécialisée ou en éducation à l'enfance, tandis que d'autres développent un intérêt pour l'enseignement. L'étude indique une amélioration de 2,5 % du sentiment de compétence en tant que mentors, soulignant l'impact positif du programme sur leur confiance et leur développement professionnel.
De plus, chez les mentors du collégial, les chercheuses ont examiné plusieurs indicateurs de la réussite éducative, dont l'indice d'adaptation sociale, un élément essentiel pour la réussite personnelle, professionnelle et sociale. Les mentors bénévoles à l'École des Grands montrent une amélioration importante de leur adaptation sociale (4 % chez les femmes et 10 % chez les hommes), contrairement à ceux engagés dans d'autres activités ou n'ayant aucune participation à la vie étudiante de leur cégep. L'étude met également en lumière des résultats prometteurs chez les collégiens hommes, notamment en ce qui concerne leur motivation intrinsèque pour les études, leur confiance en leur capacité à acquérir de nouvelles connaissances et leur sentiment d'autonomie.
L'étude montre finalement qu'une simple plateforme d'engagement étudiant ne suffit pas à soutenir de manière mesurée la réussite des personnes étudiantes au collégial, en particulier ceux et celles en difficultés scolaires. L'hypothèse des chercheuses pour expliquer l'impact positif de l'École des Grands repose sur la façon dont le programme a été construit.
L'étude a été réalisée par Isabelle Archambault, professeure titulaire à l'École de psychoéducation de l'Université de Montréal et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l'école, le bien-être et la réussite éducative des jeunes, Mélissa Goulet, professeure au Département d'éducation et formation spécialisées de l'Université du Québec à Montréal, Aurélie Dussenne, analyste de données, Julie Auclair, statisticienne au Centre d'Étude des COnditions de vie et des BESoins de la population (ÉCOBES) du Cégep de Jonquière et l'équipe de la Fondation W. Elle a bénéficié du soutien financier du ministère de l'Éducation et du ministère de l'Enseignement supérieur du Québec.
Citations
« Au Québec, bien que de nombreux programmes d'intervention existent pour soutenir la réussite éducative des élèves du primaire et du cégep, peu ont fait l'objet d'évaluations rigoureuses. Nous avons jugé essentiel de mesurer scientifiquement l'impact de l'École des Grands, dès la création du programme en 2015, et nous sommes fiers de constater que les résultats montrent des effets positifs de ce programme de mentorat scolaire, tant pour les mentorés que pour les mentors. C'est gagnant-gagnant ! » - Alisha Wissanji, directrice générale de la Fondation W et fondatrice du programme l'École des Grands.
« Cette étude est unique en son genre et cruciale pour évaluer les bienfaits des programmes de mentorat à travers le Québec. Nous avons comparé les indices de réussite des cégépiens mentors à l'École des Grands avec ceux de leurs pairs engagés dans d'autres activités ou dans aucune activité. Parallèlement, nous avons analysé les performances en français, mathématiques et sciences des élèves du primaire mentorés par rapport à ceux qui ne le sont pas. Les résultats démontrent que ce programme de mentorat scolaire joue un rôle clé en renforçant la résilience scolaire et en soutenant efficacement la réussite éducative. » Isabelle Archambault, co-auteure de l'étude, professeure titulaire à l'École de psychoéducation de l'Université de Montréal, et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l'école, le bien-être et la réussite éducative des jeunes.
« L'étude menée nous a permis de mettre en lumière les éléments porteurs de ce programme de mentorat parascolaire. L'École des Grands est une véritable source d'inspiration pour l'ensemble de la communauté éducative, grâce à la richesse des liens qu'elle crée autour de la réussite éducative, l'éveil de la curiosité, le partage et le mentorat. » Mélissa Goulet, co-auteure de l'étude, et professeure au Département d'éducation et formation spécialisées de l'Université du Québec à Montréal (UQÀM).
Méthodologie de l'étude
L'étude a été menée sur cinq ans, de 2016 à 2023, à l'exception des deux années de la pandémie de COVID-19. C'est ainsi que 368 élèves issus de 11 écoles primaires en milieux défavorisés ont pu participer à l'étude à travers le Québec dans des Centres de services où le taux d'abandon scolaire est supérieur ou égal à la moyenne québécoise et 399 cégépiens de 7 cégeps, situés dans des milieux défavorisés, autant en ville qu'en région. En ce qui concerne les collégiens, trois groupes ont été analysés : un groupe de mentors à l'École des Grands (groupe expérimental), un groupe avec un niveau d'engagement similaire au groupe expérimental, mais sans participation à l'École des Grands, et un groupe d'étudiants moins engagés. Au primaire, les participants du programme de mentorat ont été comparés à un groupe témoin d'élèves aux caractéristiques similaires (école, classe, sexe, moyenne générale). La réussite éducative des collégiens a été évaluée à l'aide de questionnaires autorapportés, portant notamment sur le sentiment d'appartenance, la compétence, l'autonomie, l'engagement, la motivation intrinsèque, la réussite et la persévérance. Pour les élèves du primaire, les effets de l'intervention ont été mesurés à partir des notes de bulletin.
À propos de l'École des Grands
L'École des Grands est un programme parascolaire de mentorat axé sur l'aide aux devoirs et l'éveil scientifique, visant à soutenir la réussite éducative des élèves vulnérables du primaire ainsi que des étudiants postsecondaires. En tant que programme phare de la Fondation W, l'École des Grands s'engage à promouvoir l'égalité des chances et à offrir aux populations vulnérables un véritable accès à la réussite scolaire. Le programme soutient à la fois les élèves du primaire et leurs mentors bénévoles, qui sont des étudiants collégiens et universitaires. Depuis sa création en 2015, l'École des Grands a aidé près de 4 000 participants au Québec et en Ontario, contribuant ainsi à l'amélioration des performances académiques des élèves en français, en mathématiques et en sciences. Aujourd'hui, le programme est implanté dans 71 % des régions administratives de la province. L'École des Grands est rendue possible grâce au soutien du ministère de l'Éducation et du ministère de l'Enseignement supérieur du Québec, de la Banque TD et de nombreux donateurs privés. Pour plus d'informations, visitez le site Web de l'École des Grands ou leur page LinkedIn.
