Polytechnique Montréal accueille la première chaire internationale de recherche québécoise en diplomatie scientifique consacrée aux enjeux du Grand Nord et de l'espace. L'initiative, qui porte le nom de Pôle mondial de diplomatie scientifique pour la coopération arctique et spatiale, se penchera sur les enjeux à la fois environnementaux, technologiques et diplomatiques associés à l'occupation responsable et durable d'environnements extrêmes.

Pooneh Maghoul, titulaire principale et directrice scientifique du Pôle mondial de diplomatie scientifique pour la coopération arctique et spatiale. (Photo : Caroline Perron)
Professeure titulaire au Département des génies civil, géologique et des mines de Polytechnique Montréal, Pooneh Maghoul agira comme directrice scientifique et titulaire principale de la chaire. Elle sera épaulée par ses collègues Thomas Stringer, professeur adjoint au Département de mathématiques et de génie industriel, et Richard Boudreault, professeur associé au Département des génies civil, géologique et des mines.
Les travaux de la chaire couvriront six axes principaux allant de la transition énergétique à l'afforestation, en passant par l'extraction responsable de ressources, la protection environnementale et la durabilité des systèmes Terre-espace, l'exploration responsable, la présence durable dans l'espace et l'impact de la fonte du pergélisol sur les infrastructures nordiques.
En plus de former une nouvelle génération de leaders technodiplomates, la chaire aura pour objectif de construire une plateforme scientifique et diplomatique facilitant les échanges entre scientifiques, ingénieurs, juristes et décideurs afin d'éclairer les cadres juridiques, politiques et technologiques en devenir pour tout ce qui implique les environnements extrêmes.
« Les régions nordiques et l'espace sont confrontés à de nombreux enjeux communs, notamment en termes de durabilité, de souveraineté, de compétence des États et de coopération internationale, confie Pooneh Maghoul. En plaçant la science au service de la paix et de la justice climatique, notre regroupement reconnaît la fragilité de ces environnements et la nécessité d'un développement respectueux des écosystèmes et des peuples qui y vivent. Nous souhaitons, par notre approche holistique, devenir une référence pour le développement durable du Nord et de l'espace extra-atmosphérique. »
Un pôle international de recherche en diplomatie scientifique
La chaire basée à Polytechnique Montréal se veut une initiative transdisciplinaire unique au monde qui se consacre à la coopération scientifique et technologique dans les environnements extrêmes et géopolitiquement sensibles. L'initiative implique trois cotitulaires de la chaire à l'international, à savoir Paul Arthur Berkman, fondateur du Science Diplomacy Center(États-Unis), Philippe Achilleas, professeur en droit public à l'Université Paris-Saclay(France), et Miriam Aczel, chercheuse à l'Institut sur l'eau, l'environnement et la santé de l'Université des Nations Unies(UNU-INWEH, Canada).
L'initiative fait partie de sept chaires soutenues par les Fonds de recherche du Québec (FRQ) à raison de 50 000 dollars par année pour une période de cinq ans. Polytechnique et plusieurs partenaires internationaux contribuent également à son financement.
La chaire privilégiera une approche collaborative. Elle vise notamment à conseiller les gouvernements ainsi que les organisations et communautés autochtones et inuit et à les aider à prendre des décisions en fonction des facteurs techniques, des risques prévisibles, et de considérations de sécurité, d'acceptabilité sociale et de coût, tout en tenant compte des priorités, des valeurs et du mode de vie de toutes les parties prenantes. Elle mènera également des actions par l'entremise de bourses étudiantes et par la création d'une école d'été ainsi que d'un programme « du laboratoire à la politique publique » (lab-to-policy, en anglais). Elle tiendra aussi un événement annuel, en rotation entre Montréal, Boston et Paris.
Amener la science au coeur des décisions politiques
François Bertrand, directeur de la recherche et de l'innovation à Polytechnique Montréal, salue l'initiative tout en soulignant l'importance que les décisions politiques de développement soient faites sur des bases scientifiques. « Cela est d'autant plus important dans des environnements fragiles, comme l'Arctique, et sujets à des changements importants, comme l'espace », précise-t-il, ajoutant que le développement du Nord, tout comme l'exploitation de l'espace, doit se faire en concertation.
« La chaire pourra aiguiller les décideurs, à l'heure où de plus en plus de pays convoitent ces lieux pour des raisons économiques évidentes, que ce soit pour des minéraux critiques ou pour des questions de défense, notamment, ajoute-t-il. Je suis certain que cette initiative permettra de former une nouvelle génération d'ingénieurs, d'ingénieures et de scientifiques sensibilisés aux enjeux sociopolitiques, économiques et environnementaux, afin de guider les décisions politiques basées sur la science pour le bien commun et dans le respect des communautés. »
En savoir plus
Site du Pôle mondial de diplomatie scientifique pour la coopération arctique et spatiale
Fiche d'expertise de la professeure Pooneh Maghoul
Site web du Département des génies civil, géologique et des mines







