Une nouvelle étude de l'Université d'Ottawa révèle que le personnel du secteur de l'éducation en Ontario subit de plus en plus de violence dans les écoles, dans un contexte où les mesures d'austérité continuent d'aggraver une tendance inquiétante.
- Selon une étude de l'Université d'Ottawa, on constate une augmentation dramatique du nombre d'actes de violence commis par des élèves à l'endroit de membres du personnel enseignant et d'assistantes et assistants en éducation (les frapper, les mordre, leur donner des coups de pied, leur lancer des choses).
- Les classes surpeuplées, le sous-financement et la réduction des services médicaux et sociaux professionnels créent les conditions idéales d'une hausse de la violence en milieu de travail.
- Près de la moitié des personnes répondantes ont aussi vécu du harcèlement de la part de parents.
- Les femmes, les personnes 2ELGBTQIA+, les travailleuses et travailleurs handicapés et les membres de minorités raciales subissent davantage de harcèlement et/ou de violence.
Le rapport Au bout du rouleau : Violence, austerité et négligence institutionnelle dans les écoles ontariennesnorth_eastlien externe fait état d'une enquête menée auprès de quelque 6 000 travailleuses et travailleurs ontariens en éducation (personnel enseignant et de soutien) au sujet de l'année scolaire 2022-2023; il brosse un tableau sombre de la vie dans les écoles de la province.
« La violence au travail dans les écoles ontariennes reste le secret le mieux gardé », dit Chris Bruckert, directrice du Département de criminologie, qui a lancé le projet « Violence et harcèlement envers les éducateurs » en 2018 avec le coauteur du rapport Darcy Santor, professeur de psychologie à la Faculté des sciences sociales de l'Université d'Ottawa.
« Les écoles ne sont plus ce qu'elles étaient il y a dix ans. Il est fort possible que les élèves soient témoins de violence contre le personnel (surtout les femmes) au quotidien, doivent évacuer leurs salles de classe, ressentent un sentiment général de détresse et de peur, et peinent à apprendre dans des groupes de plus en plus gros et complexes où le soutien est insuffisant et la violence est normalisée. »
La professeure Bruckert affirme que les dernières décennies de lourdes mesures d'austérité et de privatisation systémique ont laissé le système d'éducation public de la province dans un état désastreux. Les conclusions de l'enquête parlent d'elles-mêmes :
- Les taux de violence, incroyablement élevés, augmentent de façon exponentielle et sont de plus en plus présentés comme « faisant partie du travail ».
- Les femmes, les personnes 2ELGBTQIA+ et les travailleuses et travailleurs handicapés subissent davantage de harcèlement de la part des élèves.
- Les membres de minorités raciales sont plus susceptibles de voir leurs expériences minimisées, d'être blâmées ou de subir des représailles.
- Près de la moitié des personnes répondantes ont vécu du harcèlement de la part de parents.
- La violence en milieu de travail a des conséquences graves sur l'apprentissage et le bien-être des élèves.
- La rétention du personnel est menacée par l'omniprésence de la violence en milieu de travail.
- Les mesures d'austérité et la négligence institutionnelle ont créé les conditions idéales d'une escalade de la violence en milieu de travail.
Les travaux de Chris Bruckert et Darcy Santor mettent en lumière une tendance préoccupante à normaliser la violence au travail dans les écoles ontariennes, et une étude antérieure confirme que les choses ont empiré dans les dernières années.
« Le financement du système d'éducation public de l'Ontario décline, tandis que les besoins augmentent. Le rapport décrit certaines conséquences de ce manque d'investissement : classes surpeuplées, baisse du nombre d'assistantes et d'assistants en éducation, ressources matérielles et physiques limitées, réduction des services médicaux et sociaux professionnels, et accès retardé et inégal aux évaluations pour les élèves. Ce sont exactement ces conditions qui exacerbent la violence en milieu de travail », explique la professeure Bruckert, qui étudie, enseigne et combat la violence sexiste depuis plus de 25 ans.
Darby Mallory, doctorante et coauteure de l'étude, ajoute : « Le public doit connaître les conséquences du sous-financement systématique de notre système d'éducation, surtout parce que ce sont nos enfants qui en payent le prix. »
Mallory, D., Bruckert, C., Ismail, H., et Santor, D. (2025).Au bout du rouleau : Violence, austerité et négligence institutionnelle dans les écoles ontariennesnorth_eastlien externe. Ottawa, Ontario (rapport).