C'est avec incompréhension, colère et déception que l'Association pour l'enseignement de la science et de la technologie (AESTQ) reçoit les récents propos tenus par Monsieur François Legault, premier ministre, et rapportés dans les articles « Legault mise sur l'éclipse de 2106 pour que les écoles soient mieux équipées » et « Écoles fermées durant l'éclipse : Dans 82 ans, je suis certain qu'on va être mieux équipé ! », parus respectivement dans Le Devoir et Le Journal de Québec. Alors que le gouvernement n'exprime aucun regret par rapport à la gestion de cet évènement astronomique unique, monsieur Legault semble oublier que depuis 2022, nous sommes nombreux à avoir interpellé différents ministères de son gouvernement pour les sensibiliser à la nécessité de préparer le milieu scolaire pour cette éclipse.

Les efforts ignorés de l'AESTQ et de ses collaborateurs

Son commentaire, suggérant que les écoles devraient être « mieux équipées » pour l'évènement de 2106 et rapporté par Le Devoir, semble en effet ignorer les importants efforts investis par l'AESTQ et ses partenaires depuis plus de deux ans dans ce domaine. La déclaration du premier ministre met en lumière notre désarroi face à ce que nous considérons comme un manque d'action et de considération notable de la part du gouvernement.

Mobilisation pour l'éducation scientifique sécuritaire

L'AESTQ, en collaboration étroite avec les enseignants, les directions d'écoles, et les experts en astronomie et une panoplie d'organismes voués à la culture scientifique, s'est évertuée à préparer le terrain pour que nos élèves puissent vivre cette éclipse solaire de manière sécuritaire et éducative. Des milliers d'heures ont été investies dans la formation des enseignants, la distribution de matériel d'observation homologué, et la mise en place d'activités pédagogiques adaptées, pour garantir une expérience enrichissante pour tous nos élèves.

Interpellations et manque de réponse gouvernementale

Depuis 2021, plusieurs organismes, dont l'Association pour l'enseignement de la science et de la technologie au Québec (AESTQ), À la découverte de l'univers et tous les membres du regroupement Éclipse Québec ont interpelé le gouvernement à maintes reprises. Notre désir était de permettre à l'ensemble des élèves québécois de vivre pleinement cet évènement extraordinaire. Dès janvier 2022, et de nouveau en janvier 2023, l'AESTQ a proactivement interpelé le ministère de l'Éducation, l'incitant à prendre les mesures nécessaires pour équiper chaque élève de lunettes d'observation sécurisées. Notre objectif a toujours été clair : garantir que cet évènement unique soit accessible de manière sécuritaire et éducative à l'ensemble des élèves du Québec. Malgré nos efforts répétés, notre engagement sans faille envers l'éducation scientifique et, surtout, malgré l'expertise exceptionnelle de tous les organismes et individus impliqués, nous avons été confrontés à un manque d'écoute, de considération et de réaction concrète de la part des instances gouvernementales

Tentatives de collaboration et refus de financement

En 2023, allant encore plus loin dans notre démarche, nous avons soumis une demande de subvention via le programme NovaScience du ministère de l'Économie, dans le but de déployer un projet ambitieux visant à informer et à préparer les centres de services scolaires à l'éclipse. Ce projet était conçu non seulement pour fournir une structure de soutien logistique, des ressources pédagogiques et des lunettes d'observation à tous les établissements scolaires du Québec, mais également pour organiser des rencontres d'information avec les personnes occupant les postes décisionnels des centres de service scolaires. L'objectif de ces rencontres était de permettre une gestion réaliste et sécuritaire de l'évènement, afin d'éviter des décisions extrêmes comme celles que nous avons connues (fermeture d'écoles ou confinement d'élèves dans les gymnases, par exemple). En outre, ces échanges visaient à prévenir la propagation de fausses informations qui n'ont fait qu'alimenter la peur et l'incertitude parmi les élèves et le personnel éducatif. À notre grande déception, cette demande a été refusée, nous laissant avec peu de moyens pour agir à la hauteur de nos ambitions. Nous tenons à rappeler que l'AESTQ est un organisme à but non lucratif non subventionné et qui fonctionne avec une équipe très restreinte (2 personnes à temps plein, 1 personne à temps partiel et 2 contractuelles à raison de quelques heures semaine)

Mépris gouvernemental et appel à l'action

L'inaction du gouvernement dans la préparation de l'évènement a ignoré complètement le travail acharné de ces dernières années (les organismes qui ont mobilisé énormément de temps et d'énergie, les éducateurs et éducatrices qui ont réfléchi, se sont informés, et mis en place, souvent sur leur temps personnel, des activités pédagogiques exceptionnelles pour mettre en valeur l'éclipse et favoriser les apprentissages au maximum). Les déclarations du premier ministre semblent confirmer ce mépris. Elle sous-entend une impréparation qui ne reflète pas la réalité des faits et manque de respect pour le dévouement des professionnels de l'éducation qui ont mis tout en œuvre pour faire de cet évènement une réussite. Nous demandons donc avec insistance au premier ministre et de reconsidérer sa position et de reconnaitre officiellement les efforts considérables fournis par le milieu éducatif. Il est impératif que des mesures concrètes soient prises pour soutenir l'éducation scientifique, notamment par un financement adéquat et par une véritable écoute des besoins exprimés par les professionnels sur le terrain.

Appel au soutien gouvernemental pour l'éducation scientifique

Nous rappelons au premier ministre et à son gouvernement que la responsabilité de soutenir l'éducation incluant l'éducation scientifique ne repose pas uniquement sur les épaules des écoles et des associations (non subventionnées !) comme l'AESTQ. Elle requiert un engagement politique ferme, un soutien financier adéquat, et une vision à long terme pour l'éducation au Québec. Nous demandons donc au premier ministre et à son gouvernement de passer de la parole aux actes. Il est impératif de reconnaitre l'importance de l'éducation scientifique, de soutenir activement les initiatives en cours, et de s'engager résolument pour que nos écoles disposent réellement des ressources nécessaires à la mise en place d'un enseignement scientifique de qualité. Il est temps que le gouvernement prenne pleinement ses responsabilités et soutienne de manière concrète les efforts déployés par le milieu éducatif pour promouvoir la science et la technologie. Nos élèves, nos enseignants et l'ensemble de la société québécoise méritent mieux que des déclarations désinvoltes. Ils méritent un engagement véritable et durable en faveur de l'éducation.