Alors que le Québec veut s'affranchir plus que jamais du géant américain dans une foule de domaines, une façon d'atteindre cet objectif réside dans le renforcement national de la recherche universitaire, créatrice d'innovation et de haut savoir. Or, présentement, des chargées et chargés de cours universitaires ainsi que d'autres enseignantes et enseignants contractuels de grande compétence, titulaires d'un doctorat, ne peuvent pas avoir accès aux fonds de recherche du Québec en raison de leur statut d'emploi. Plusieurs de ces personnes fortement engagées dans la vie académique de leur université détiennent pourtant des expertises précieuses susceptibles de projeter le Québec vers l'avenir.
« C'est désolant de constater que notre gouvernement laisse sur le banc des intellectuel les d'une telle qualité alors que les chargé es de cours qualifié es en recherche ne demandent qu'à participer à l'effort collectif de repousser les limites du savoir. Le Québec n'a pas les moyens de se priver de ces talents », croit Christine Gauthier, vice-présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN).
« Face à des transformations sociales et scientifiques aussi rapides et importantes, il est urgent de renforcer notre leadership au Québec et d'utiliser à son plein potentiel notre réseau universitaire », mentionne Vincent Beaucher, président de la Fédération de la recherche et de l'enseignement universitaire du Québec (FREUQ-CSQ).
« Mieux soutenir l'ensemble des personnes actives en recherche au Québec, c'est aussi une occasion de faire croître la place du français dans le monde scientifique », affirme Lucie Lorrain, présidente du Syndicat des chargés de cours de l'UQTR pour le Conseil provincial du secteur universitaire (CPSU-SCFP).
Mais pour encourager la recherche en français au Québec et pour rayonner à l'international, le gouvernement doit débloquer des sommes réservées aux enseignantes et enseignants universitaires à statut précaire.
25 millions de dollars en cinq ans
La coalition formée de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN), de la Fédération de la recherche et de l'enseignement universitaire du Québec (FREUQ-CSQ) et du Conseil provincial du secteur universitaire (CPSU-SCFP) demande justement au gouvernement Legault de créer un fonds dédié aux personnes chargées de cours de 25 millions de dollars sur cinq ans pour soutenir le développement de la recherche. Le prochain budget provincial, qui sera déposé le 25 mars, pourrait être un moment judicieux pour créer un tel fonds et pour exprimer politiquement la volonté d'autonomie du Québec.
Cette proposition fait écho aux conclusions du Rapport sur l'université québécoise du futur publié en 2021, notamment concernant l'importance d'accroître les forces scientifiques du Québec afin de faire rayonner la recherche faite ici. Le gouvernement de la CAQ ne doit pas tabletter cet important rapport, qui met de l'avant des réponses pour soutenir plus fortement l'innovation québécoise et le développement des connaissances scientifiques, au regard de la vitesse des transformations et de l'ampleur des défis sociaux et techniques à venir.
Environ le tiers des quelques 15 000 personnes chargées de cours universitaires au Québec détiennent un doctorat. L'obtention de postdoctorats continue de croître auprès de ces scientifiques.