« Nous souhaitons exprimer nos vives préoccupations quant aux risques qu'amène la mise en œuvre de ce projet de loi pour le système d'éducation, notamment pour la pérennité des programmes en région. »
C'est en ces mots que le vice-président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Pascal Côté, a commenté le projet de loi no 74, Loi visant principalement à améliorer l'encadrement relatif aux étudiants étrangers.
À la différence de ce qui est parfois véhiculé dans l'espace public, on constate dans la dernière décennie que ce sont les universités francophones qui connaissent la plus forte croissance des effectifs d'étudiants internationaux. Sur l'ensemble du réseau collégial, une proportion croissante de ceux-ci est désormais susceptible de jouir d'un bon degré de familiarité avec la langue française. Dans l'ensemble, ces réalités suggèrent que les outils actuellement à la disposition du gouvernement permettent d'agir sur la fréquentation linguistique, sans que les dispositions du projet de loi no 74 s'avèrent nécessaires.
Ouvrir la voie à des dérives
La CSQ craint que l'approche préconisée, conférant d'importants pouvoirs à des ministres afin de s'immiscer dans les décisions des établissements, risque de créer un dangereux précédent, ouvrant la voie à de l'arbitraire et à des dérives partisanes.
« Aussi nobles que soient les intentions actuelles du gouvernement, les nouveaux pouvoirs permis par le projet de loi no 74 pourraient servir des intérêts en tout genre de la part de futurs gouvernements, outrepassant potentiellement l'expertise, la sensibilité et la connaissance précise des enjeux vécus dans les milieux », ajoute Pascal Côté.
Un apport important aux communautés
La Centrale rappelle que la contribution des étudiantes et étudiants internationaux, bien qu'elle soit importante, n'est pas que financière ou économique. Leur présence en région est un facteur d'enrichissement, notamment pour les milieux culturels et communautaires.
Mentionnons également l'apport essentiel des étudiantes et étudiants internationaux au milieu de la recherche et de l'innovation, souligné par toutes les universités québécoises. En région, ces étudiantes et étudiants ont également permis de stabiliser des programmes parfois précaires.
Le mémoire déposé cette semaine par la CSQ contient deux recommandations. Ainsi, la Centrale invite le gouvernement à :
- suspendre le projet de loi no 74 afin de considérer des avenues minimisant au maximum le risque d'erreurs et de dérives, en étroite collaboration avec les milieux éducatifs;
- voir à la mise en place de mesures soutenant le recrutement international de provenance francophone, notamment en mobilisant divers réseaux de la Francophonie; et auprès des établissements et des programmes francophones, notamment au moyen du volet Diplômé du Québec du Programme de l'expérience québécoise (PEQ).
« En somme, nous encourageons le gouvernement à adopter une approche et des mesures positives, qui considèrent les étudiantes et étudiants internationaux comme une opportunité et une richesse, plutôt qu'un problème », conclut Pascal Côté.
Pour consulter le mémoire de la CSQ, cliquez ici.