Petite, Jolianne Ottawa jouait au docteur avec la pensée intrusive de « ne pas être assez intelligente pour aller à l'université ». Originaire de la Première Nation atikamekw, située à Manawan dans la région de Lanaudière au Québec, elle s'était promis d'arrêter l'école à 16 ans parce que c'était « trop pénible » d'accumuler les mauvaises notes.
« Tellement de choses ont été dites sur les Premières Nations : on n'est pas assez intelligents ( ) on vit aux crochets du gouvernement et on ne devrait pas avoir autant d'aides parce que c'est de la triche », dénonce Mme Ottawa.
La résilience des peuples autochtones continue de faire son chemin, mais ne gomme pas le sentiment d'infériorité qui se traduit par un syndrome de l'imposteur pernicieux bien ancré qui mine leurs aspirations dès l'école. Selon le dernier rapport du vérificateur général du Québec, le manque de soutien scolaire et financier aurait entravé la réussite académique des Premières Nations, puisque 31,4 % des 25 à 34 ans n'ont ni certificat ou diplôme, contre 9,3 % des non-Autochtones.