Accorder aux parents l'option de retarder d'un an l'entrée à l'école de leur enfant, s'ils jugent que celui-ci n'en a pas encore la maturité, pourrait contribuer à améliorer leur réussite scolaire, selon une note économique publiée par l'IEDM.
« Chaque enfant se développe à son propre rythme et certains ont besoin de plus de temps pour acquérir la maturité nécessaire leur permettant de bien performer au primaire », affirme Guillaume Pouliot, professeur adjoint à l'Université de Chicago et chercheur associé à l'IEDM. « On le voit notamment dans la proportion anormalement élevée d'élèves nés en septembre recevant un diagnostic de trouble d'attention. »
Au Québec, la Loi sur l'instruction publique établit que les enfants doivent commencer leur scolarité lors de l'année scolaire suivant leur sixième anniversaire. La date du 30 septembre est utilisée comme date limite pour établir le début de l'année scolaire.
Cela signifie qu'un enfant qui aurait six ans le 30 septembre devrait commencer sa scolarité au plus tard cette année, alors qu'un enfant qui aurait six ans le 1er octobre devrait la commencer au plus tard l'an prochain.
Selon le chercheur, cela crée une différence de maturité entre les élèves, au détriment de la réussite de certains élèves nés juste avant la date limite du 30 septembre. Ce phénomène se traduirait notamment par une surdiagnostication de troubles de déficit de l'attention (TDAH).
Pour la cohorte née entre 1996 et 2005, on observe que 15 pour cent des élèves québécois nés en octobre reçoivent un diagnostic de TDAH, alors que la proportion est de 21,4 pour cent pour les élèves nés en septembre, selon des données obtenues par le CIRANO.
Une étude s'étant penchée sur les résultats scolaires dans les pays de l'OCDE montre que les élèves les plus jeunes de chaque cohorte tendent à obtenir des résultats quatre à 12 centiles plus faibles en quatrième année, par rapport aux élèves les plus âgés de leur cohorte.
« Le manque de flexibilité de notre système nuit à la réussite scolaire d'un nombre important de jeunes Québécois et Québécoises, » explique M. Pouliot. « Cette surdiagnostication de TDAH et ces écarts dans les résultats persistent dans le temps, et nuisent à l'épanouissement de ces jeunes. »
Le chercheur recommande de simplifier le processus par lequel les parents peuvent choisir de retarder d'un an l'entrée à l'école de leurs enfants. Celui-ci est connu sous le terme de « redshirting » - en référence aux maillots rouges portés par les jeunes recrues du sport universitaire, écartées de la compétition pendant un an afin de prendre de la masse musculaire.
Des études ont montré que le report de l'entrée à l'école en Caroline du Nord aurait permis aux élèves d'obtenir des résultats supérieurs de 0,2 à 0,3 écart-type en mathématiques et en lecture, et ce jusqu'à la cinquième année du primaire.
Retarder d'un an l'entrée à l'école peut réduire l'anxiété, diminuer les taux de redoublement et améliorer les résultats scolaires, en particulier chez les garçons issus de milieux défavorisés, selon une autre étude canadienne.
Au Québec, les parents souhaitant demander un report de l'entrée scolaire de leurs enfants doivent embaucher des experts afin de démontrer à leur centre de services scolaires local que le report de l'admission de leur enfant permettra de lui éviter un « préjudice grave ».
« On comprendra que tous les parents n'ont pas les moyens d'embaucher un expert tel un psychologue, et ce, même s'ils estiment qu'un report serait bénéfique, » explique M. Pouliot. « Notre système devrait davantage reconnaître le rôle des parents en tant qu'experts de leurs enfants et faire confiance à leur jugement lorsqu'ils prennent une décision difficile telle que celle-ci. »